La demeure de Meudon est comme ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Ce qu’on voit d’emblée, c’est la ville couchée loin là-bas, derrière le fleuve. Elle précipite dans le futur, scintille dès que le jour chavire et aspire tout.
Puis on est entraîné, sur l’autre versant, au jardin, dans un silence peuplé d’arbres et de chants d’oiseaux. C’est le côté du passé.
Enfin, on découvre dans le ventre de la maison, le sauna. Il enferme dans une bulle de chaleur amniotique, il gomme et répare la vie. C’est le lieu de tous les possibles, de tous les sortilèges.
Cet après-midi, il fait beau, une ombre légère pèse sur Meudon et nous montons au jardin.
La pente est raide pour accéder aux vestiges de ce que Lucette appelle son pavillon chinois où elle donnait ses cours de danse et qui a brûlé en 1975.
Longtemps, elle a rêvé de faire construire, comme à Montmartre, un funiculaire pour grimper là-haut. Et puis elle y a renoncé.
Sur une plate-forme instable, nous posons un lit de coussins douillets et la tête vers le ciel, nous ne voyons plus que le cèdre immense rempli d’oiseaux. Aujourd’hui nous passons une journée entière dans les arbres.